L’année 2018 s’est finie sur de nombreuses questions.
Avec le mouvement des Gilets Jaunes, la sphère médiatique a été mise à mal : manipulation de photos par France 3, fourmillement de théories complotistes sur le pacte de Marrakech et l’attentat de Strasbourg, médias critiqués pour leur réticence à évoquer les violences policières… En réalité, chaque soubresaut démocratique ou social est l’occasion de regarder comment agissent ceux qui rendent compte des événements dans les médias. S’il est difficile de s’enthousiasmer de la prolifération de fausses nouvelles sur les réseaux, notamment quand elles ont une visée hargneuse ou raciste, on peut en revanche se réjouir du questionnement des pratiques médiatiques par le plus grand nombre. Il est loin, le temps où l’on buvait les paroles du présentateur du JT, en famille, dans un silence religieux, devant une télé toute puissante. Aujourd’hui, on commente et on critique, tout.
L’incompréhension de certains grands médias pour la colère sociale en dit long sur leur déconnexion d’avec les classes populaires. Beaucoup, comme ici Acrimed, ont dénoncé la condescendance, voire le mépris de classe, qui ont accompagné la couverture du mouvement des Gilets Jaunes.
La déconnexion des journalistes et du peuple fait écho, d’ailleurs, à ce fossé qui s’élargit entre citoyens et pouvoir politique. La confiance s’amenuise, entre le peuple et les institutions ; avec le risque, du côté politique, de tomber dans le piège du populisme ; et dans celui du complotisme, côté médiatique.
Alors que faire ? Le champ de bataille de l’éducation aux médias, c’est d’éviter le piège de la facilité : le manichéisme, les explications qui satisfont nos egos ou confirment ce que l’on a envie de croire, la démagogie, le clic attractif, les boucs émissaires, l’info sensationnelle, les discours lénifiant. C’est un effort que nous devons tous fournir, dans nos pratiques politiques comme médiatiques. C’est la démarche que nous, les Pieds dans le Paf, nous essayons d’insuffler dans les écoles, les collèges, les lycées, mais aussi lors de nos décryptages, avec des parents, des adultes, et tous ceux avec qui nous discutons. C’est une démarche qui est collective, et en laquelle nous croyons, pour améliorer notre monde. Alors retroussons nos manches, et musclons nos cerveaux !
Très bonne année à tous.
