Pieds dans le PAF - association d'éducation aux médias

Tout ce qui disparaît…


Quand une nouvelle année s’éveille, on pense à ce qui vient, pas à ce qui va disparaître…  

Quand les choses disparaissent, on ne peut plus les faire revenir. On pense que ce n’est pas grave. Après tout, on ne lisait plus ce journal féministe, disparu des kiosques, puis du net ; on n’allait pas vraiment à ce festival en bord de plage, pas renouvelé depuis deux ans ; la grenouille dorée du Panama, on ne savait même pas qu’elle existait. Et puis la bande de Gaza, c’est un peu loin, non ?

Derrière les 100 millions d’euros de coupes budgétaires dans la culture en Pays de la Loire, il y a de nombreuses disparitions forcées. Des emplois, des festivals, des lieux, des propositions. La Maison de la Poésie ?  Bof, un truc d’intellos. Les Escales, le Pannonica, la Folle Journée ? Bah, ils se débrouilleront. Le planning familial ? Les jeunes n’ont pas besoin d’éducation sexuelle, ils trouvent tout sur internet (oui, justement…)  !

Ces grands coups de gomme, difficile d’y réagir. C’est rapide, brutal, féroce. La sidération permet les attaques. Puis, faute de réaction, on s’habitue au récit trompeur qui nous est fait. Cela porte même un nom : le biais du survivant. Dans certains pays, on dit que les histoires de chasse sont toujours racontées du point de vue du chasseur : la victime, on l’oubliera. On oubliera qu’il y avait une vie culturelle et un tissu associatif si riches en Pays de la Loire. Peut-être qu’on oubliera les Pieds dans le Paf, car eux aussi peuvent disparaître en 2025. De toute façon, ça faisait longtemps qu’on n’avait pas participé aux 24h, non ?

Les gens qui commettent les attaques sur la culture auront, eux, toujours les moyens d’accéder à la richesse culturelle. Et l’économie de la culture est profondément inégalitaire, rappelle le sociologue Luc Boltanski. Défendre bec et ongles le foisonnement littéraire, théâtral, sportif, artistique, musical, expérimental, loufoque, poétique de notre région, c’est également rester exigeants sur le terrain démocratique. Nous avons droit à une culture de qualité, bien dotée ; les acteurs culturels ont le droit d’en vivre et de créer. Ne nous habituons pas. Ne laissons pas disparaître.

Très belle année à vous